Ophélie Mouthuy
Le linéaire B : quel apport pour l’histoire événementielle du XIIIème siècle av. J.-C.? Étude comparative des archives des palais mycéniens de Crète et du continent.
La transition de l’Âge du Bronze Récent IIIB au IIIC (1200 av. J.-C.) est marqué par une détérioration des relations économiques, politiques et sociales entre les différentes régions (Egypte, Chypre, Levant, Hittites) du bassin oriental et par les effondrements successifs des grandes civilisations de l’Âge du Bronze. En Grèce continentale et en Crète, la culture mycénienne se désagrège et les systèmes socio-politiques palatiaux sont remplacés par des systèmes plus simples où le pouvoir n’est plus aux mains d’une élite. Après les destructions et l’abandon d’une grande partie de leurs sites, c’est finalement la chute de Mycènes et Tirynthe dans les dernières années du XIIème s. av. J.-C. qui marque la fin définitive de la civilisation mycénienne et l’avènement des siècles obscurs en Grèce.
Si de nombreuses théories (changements climatiques, problèmes économiques et sociaux, invasions et nouvelles stratégies guerrières) ont tenté d’expliquer les causes de cette crise, aucune n’est entièrement convaincante et une nouvelle approche s’avère nécessaire. Ainsi, plutôt que de se focaliser sur les années de troubles, notre recherche se penche sur le siècle les précédant pour déterminer dans quelle mesure la société mycénienne du XIIIème siècle, traditionnellement considérée à son apogée, pourrait déjà porter en elle les prémices de la crise de 1200 av. J.-C. Nous explorerons cette hypothèse à partir de deux angles complémentaires: l’un épigraphique, l’autre archéologique. Il s’agira d’interroger de manière diachronique les tablettes en linéaire B des différents centres et d’en relever les indices d’éventuels changements qui pourraient être interprétés comme des mesures spécifiques ou des réponses de la part du système palatial à des conditions de crise. Ces indices seront ensuite confrontés aux données archéologiques existantes. Enfin, la synthèse des deux nous permettra d’affiner notre compréhension du processus historique et de confirmer ou non si une instabilité générale est à la base de la dévastation des différents centres mycéniens.